Guide de l'encadrement des loyers en 2024

L’encadrement des loyers est un principe ancien, inscrit dans la loi du 6 juillet 1989 portant sur l’amélioration des rapports locatifs. Des règles communes s’appliquent aux logements situés en zone tendue lors du renouvellement du bail ou d’une nouvelle mise en location. Un dispositif expérimental est venu renforcer l’encadrement des loyers depuis 2018. Fin 2023, déjà 24 villes contraignaient le montant des loyers. D’autres communes les rejoindront en 2024 et 2025.

Dans un contexte de crise du logement, l’objectif est clair : favoriser l’accès au logement des ménages les plus modestes en luttant contre les loyers excessifs.

Propriétaire ou locataire, votre logement est-il concerné par l’encadrement des loyers ? Quelles sont les règles applicables ? Pour le savoir, découvrez notre guide complet sur l’encadrement des loyers en France, dans les zones tendues et les zones expérimentales.

Sommaire

Mis à jour le 26/02/2024

Encadrement des loyers dans les zones tendues : définition

L’encadrement des loyers est régi par la loi fondatrice du 6 juillet visant à améliorer les rapports entre les locataires et les propriétaires. Précisé par des lois successives, l’encadrement des loyers est uniquement en vigueur dans les communes situées en zone tendue.

Comment savoir si votre commune est située en zone tendue ?

L’article 18 de la loi du 6 juillet 1989 définit les zones tendues comme « des zones d’urbanisation continue de plus de 50 000 habitants où il existe un déséquilibre marqué entre l’offre et la demande de logements, entraînant des difficultés sérieuses d’accès au logement sur l’ensemble du parc résidentiel existant qui se caractérisent notamment par le niveau élevé des loyers, le niveau élevé des prix d’acquisition des logements anciens ou le nombre élevé de demandes de logement par rapport au nombre d’emménagements annuels dans le parc locatif social ».

La liste des communes en zone tendue est précisée au décret du 10 mai 2013, mis à jour en août 2023.
Pour simplifier la recherche, le site officiel Service-Public.fr met à disposition un simulateur en ligne. Tout locataire ou propriétaire peut saisir le nom de sa commune pour savoir immédiatement si son logement est situé en zone tendue ou non : https://www.service-public.fr/simulateur/calcul/zones-tendues

Quelles sont les règles d’encadrement des loyers dans les zones tendues ?

encadrement des loyers en zone tendueDans les zones tendues, le propriétaire-bailleur peut fixer librement le loyer de son logement lors de sa première mise en location. Il peut le réviser chaque année, en s’appuyant sur l’indice de référence des loyers (IRL). En revanche, l’encadrement des loyers s’applique lors du renouvellement du bail ou d’une relocation. Les règles ont été précisées en juillet 2017 par décret.

Renouvellement du bail : une réévaluation du loyer limitée

Lors du renouvellement du bail de location avec son locataire, le propriétaire peut réévaluer un loyer sous-évalué. Il doit cependant apporter au locataire les preuves de sa sous-évaluation, en comparant le loyer pratiqué avec celui de logements présentant des caractéristiques similaires (nombre de pièces, zone géographique période de construction, location meublée ou nue…)

La hausse de loyer ne doit pas excéder 50 % de la différence entre le loyer moyen observé dans le voisinage et le loyer fixé au locataire. Par exemple, si le locataire verse un loyer mensuel de 450 euros et que le montant du loyer moyen s’élève à 520 euros, la hausse du loyer ne peut pas excéder 35 euros.

Nouvelle mise en location d’un logement après moins de 18 mois de vacance locative : un loyer contraint

Lorsque le propriétaire-bailleur remet en location un logement resté inoccupé pendant moins de 18 mois, il doit fixer au nouveau locataire un loyer égal à celui versé par le locataire précédent.

Il existe cependant trois exceptions qui autorisent une hausse du montant du loyer :

  • Ne pas avoir révisé le loyer au cours des douze derniers mois.
  • Avoir réalisé dans le logement des travaux d’amélioration et de mise en conformité : le prix des travaux doit être égal au minimum à 50 % du montant de la dernière année de loyer (hors charges). La hausse du loyer pourra alors représenter 15 % du montant total des travaux TTC.
  • Prouver la sous-évaluation du montant du loyer précédent.

Si le logement est resté vacant 18 mois ou plus, le propriétaire peut fixer son loyer librement lors de sa nouvelle mise en location.

Quels logements sont concernés par l’encadrement des loyers ?

L’encadrement des loyers concerne la majorité des logements privés, loués vides ou meublés. Il s’applique aussi dans le cadre d’un bail mobilité.

Les logements sociaux sont exclus du dispositif, ainsi que certains logements privés : les logements soumis à la loi de 1948, les logements conventionnés par l’Agence nationale de l’Habitat (Anah), les meublés de tourisme et les sous-locations.

Bon à savoir : dans le cadre de la lutte contre les passoires énergétiques, il est interdit au propriétaire de réviser le loyer d’un logement classé F ou G sur le diagnostic de performance énergétique (DPE). Il lui est également interdit d’augmenter le loyer lors d’un changement de locataire, que le logement soit resté inoccupé moins ou plus de dix-huit mois. Cela concerne tous les logements situés en France métropolitaine et dont le bail de location a été conclu depuis le 24 août 2022.

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Encadrement expérimental des loyers dans les grandes villes et agglomérations : des règles spécifiques

Depuis 2018 et jusqu’en 2026, plusieurs grandes villes françaises expérimentent un nouveau dispositif d’encadrement des loyers. Il est réglementé par l’article 140 de la loi ELAN.

Quelles villes sont concernées par l’encadrement expérimental des loyers ?

L’encadrement expérimental des loyers s’applique dans 24 villes françaises situées en grande agglomération, dont Paris, Lyon, Lille, Bordeaux et Montpellier.

Pour rejoindre le dispositif, ces 24 communes ont dû prouver qu’elles réunissaient les quatre critères fixés par la loi ELAN, à savoir :

  • Un écart important entre le niveau moyen de loyer constaté dans le parc locatif privé et le loyer moyen pratiqué dans le parc locatif social.
  • Un niveau de loyer médian élevé.
  • Un taux faible de logements commencés, rapporté aux logements existants sur les cinq dernières années.
  • Des perspectives limitées de production pluriannuelle de logements inscrites dans le programme local de l’habitat et de faibles perspectives d’évolution de celles-ci.

En 2024 et 2025, près de 70 villes devraient rejoindre l’expérimentation : Bayonne, Biarritz et 22 autres communes du Pays Basque ; Grenoble et sa périphérie ; Marseille ; l’agglomération d’Annemasse en Haute-Savoie ; le Grand Orly en région parisienne, etc.

Quelles sont les règles d’encadrement des loyers dans les zones expérimentales ?

Les principes de base de l’encadrement des loyers s’appliquent dans les zones expérimentales, notamment le type de logements concernés. Mais d’autres règles s’ajoutent, plus contraignantes : le loyer de référence minoré et majoré, le complément de loyer, l’action en réévaluation du loyer et l’action en diminution du loyer.

Mise en location d’un logement : un loyer plafonné

Loyer de référence plafonnéDans le cadre de l’expérimentation, le propriétaire-bailleur ne peut pas fixer librement le loyer de son logement lors de la signature du premier bail de location. Son montant hors charges ne doit pas dépasser le loyer de référence majoré, fixé chaque année par arrêté préfectoral.

Le loyer de référence majoré correspond au loyer de référence médian observé par l’observatoire local des loyers, augmenté de 20 %. Le montant du loyer peut en revanche être inférieur au loyer de référence minoré, donné à titre indicatif.

Le montant des loyers de référence diffère d’un territoire à l’autre, en fonction des spécificités locales du marché de la location. Les loyers de référence varient également en fonction des caractéristiques du logement : nombre de pièces, période de construction, zone géographique.

Le montant du loyer de base (hors charges), ainsi que le montant du loyer de référence minoré et celui du loyer de référence majoré doivent être mentionnés dans le bail de location.

Renouvellement du bail : une hausse du loyer encadrée

Lors du renouvellement du bail du location avec son locataire, le propriétaire-bailleur a le droit de réévaluer le loyer du logement à la hausse. Le montant du nouveau loyer doit cependant toujours rester dans la limite maximale du loyer de référence majoré en vigueur à la date de renouvellement du bail. Le propriétaire doit informer le locataire six mois avant la date de fin du contrat.

En cas de désaccord, le locataire et le propriétaire peuvent saisir la commission départementale de conciliation (CDC) dans un délai de quatre mois avant la fin du bail.

Renouvellement du bail : l’action en diminution de loyer

Le locataire peut aussi profiter du renouvellement de son bail pour lancer auprès de son propriétaire une action pour demander la baisse de loyer de son logement.

En effet, si la signature du contrat de location a eu lieu avant l’entrée en vigueur de l’encadrement expérimental des loyers, le montant du loyer peut s’avérer supérieur au loyer de référence majoré. Le renouvellement du bail est l’occasion pour le locataire de faire appliquer les nouvelles règles.

En cas de refus du propriétaire, le locataire peut faire un recours auprès de la commission départementale de conciliation (CDC) dans un délai de quatre mois avant la fin du bail.

Le complément de loyer : un nouveau mécanisme

Le dispositif expérimental d’encadrement des loyers prévoit la possibilité pour le propriétaire d’appliquer à son locataire un complément de loyer. Son montant doit être clairement précisé dans le bail de location.

Le complément de loyer s’ajoute au loyer de base. Il n’est pas pris en compte dans l’encadrement des loyers. Il permet ainsi au propriétaire de fixer un loyer supérieur au loyer de référence majoré.

Pour être éligible au complément de loyer, le logement doit justifier de prestations exceptionnelles, comme une vue sur un monument historique ou une large terrasse.

Il n’existe pas de méthode pour calculer le montant du complément de loyer. Il représente en général de 5 à 10 % du montant du loyer de base. En cas d’abus manifeste, le locataire peut contester le complément de loyer auprès de la commission départementale de conciliation (CDC) dans un délai de trois mois après la signature du bail.

La loi ELAN, renforcée par la loi Pouvoir d’achat du 16 août 2022, assure la protection du locataire contre d’éventuels abus. Les textes interdisent le recours au complément de loyer pour tout logement considéré insalubre, mal isolé, dégradé ou énergétiquement peu performant. Des WC sur le palier, des problèmes d’isolation, des infiltrations, des traces d’humidité, une installation électrique dégradée ou encore un DPE de classe F ou G sont des critères d’exclusion.

Que faire en cas de loyer excessif ?

litige encadrement des loyersLe non-respect de l’encadrement des loyers par le propriétaire-bailleur est sanctionné d’une amende dont le montant peut aller jusqu’à 5 000 euros (et 15 000 euros si le propriétaire est une personne morale).

En cas de litige, le locataire doit s’adresser à la commission départementale de conciliation (CDC), avant de saisir le juge des contentieux.

Connaître le loyer de référence minoré et majoré selon votre ville

Si les règles d’encadrement des loyers sont similaires dans chaque ville engagée dans l’expérimentation, le montant du loyer de référence minoré et du loyer de référence majoré varient selon les caractéristiques du territoire et du logement. Si vous êtes concerné, des outils en ligne vous aident à connaître les loyers de référence dans votre zone géographique et à calculer le loyer de votre logement.

L’encadrement des loyers à Paris

En 2019, la ville de Paris a ouvert la voie de l’expérimentation de l’encadrement des loyers. Il s’applique à tout bail de location, dont la signature ou le renouvellement a eu lieu à partir du 1er juillet 2019.

Pour Paris, le montant des loyers de référence minorés et majorés sont fixés chaque année par le préfet de la région Île-de-France. Pour connaître les loyers de référence, le propriétaire ou le locataire doit saisir les caractéristiques du logement loué sur le simulateur en ligne de la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement (DRIHL).
Vous pouvez aussi vérifier si le montant du loyer respecte les règles d’encadrement des loyers sur le site internet de la Mairie de Paris.

L’encadrement des loyers à Lille, Hellemmes et Lomme

Lille et ses communes associées d’Hellemmes et de Lomme ont suivi l’exemple de Paris quelques mois plus tard. C’est en mars 2020 qu’est entré en vigueur le dispositif expérimental d’encadrement des loyers.

Une cartographie interactive permet au propriétaire et au locataire de connaître le loyer de référence minoré et majoré du logement loué.

Les loyers sont mis à jour le 1er avril de chaque année, date à laquelle est publié l’arrêté préfectoral.

L’encadrement des loyers à Plaine Commune (Seine-Saint-Denis)

Les villes du territoire de Plaine Commune ont rejoint le dispositif expérimental en 2021. L’encadrement des loyers concerne tout contrat de location signé ou renouvelé à partir du 1er juin 2021 dans neuf communes de la Seine-Saint-Denis : Aubervilliers, La Courneuve, Épinay-sur-Seine, L’Île-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine, Stains et Villetaneuse.

Comme pour Paris, tout propriétaire ou locataire de ces communes bénéficie du simulateur en ligne de la DRIHL pour connaître les loyers de référence minorés et majorés fixés par le préfet d’Île-de-France.

L’encadrement des loyers à Lyon et Villeurbanne

C’est le 1er novembre 2021 qu’a été mis en place l’encadrement des loyers à Lyon et Villeurbanne. Au sein du territoire du Grand Lyon, ce sont les deux villes où les loyers sont les plus élevés et augmentent le plus.

Le dernier arrêté préfectoral du Rhône fixe le montant des loyers de référence minorés et majorés jusqu’au 31 octobre 2024. La Métropole de Lyon propose un simulateur en ligne pour calculer le montant du loyer minoré et majoré de son logement et vérifier si son loyer est conforme aux règles d’encadrement des loyers.

L’encadrement des loyers à Est ensemble (Seine-Saint-Denis)

Au 1er décembre 2021, de nouvelles communes de Seine-Saint-Denis ont été couvertes par le dispositif d’encadrement des loyers sur le territoire Est Ensemble : Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin, Romainville.
Tout propriétaire ou locataire de ses communes peut accéder au montant des loyers de référence minorés et majorés sur le simulateur en ligne de la DRIHL.

L’encadrement des loyers à Montpellier

La ville de Montpellier a déployé le dispositif expérimental d’encadrement des loyers à partir du 1er juillet 2022.

Les derniers loyers de référence minorés et majorés fixés par le préfet de l’Hérault sont en vigueur jusqu’au 30 juin 2024. Ils sont actualisés chaque année sur le simulateur en ligne développé par Montpellier Méditerranée Métropole.

L’encadrement des loyers à Bordeaux

Bordeaux est la dernière ville ayant mis en place l’encadrement expérimental des loyers, en attendant l’arrivée de la nouvelle vague en 2024 et 2025. Le dispositif est entré en vigueur le 15 juillet 2022.

L’arrêté préfectoral publié par le préfet de la Gironde le 15 juillet 2023 fixe les loyers de référence minorés et majorés jusqu’au 15 juillet 2024, en fonction des caractéristiques de chaque logement.

La Métropole de Bordeaux met à disposition un simulateur en ligne à valeur indicative pour aider chaque propriétaire ou locataire à estimer le montant minimum et maximum de leur loyer de base hors charges.

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Auteur

Julien Biscarat-Aymes, cofondateur de Jelouebien, bénéficie d’une expérience de plus de 20 ans dans l’assurance et de 10 ans dans le domaine de l’immobilier. Après plusieurs années passées en tant que Conseil en Gestion de Patrimoine Certifié (CGPC) au sein d’une grande compagnie d’assurance européenne, il crée un cabinet indépendant avec Xavier Marchioni. Dès 2011, il se spécialise dans le domaine immobilier et décide fin 2013 de rassembler ses connaissances pour les rendre accessibles au plus grand nombre en créant le site Jelouebien.com avec la volonté constante d’enrichir la base d’informations offertes aux utilisateurs du site.

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